lundi 29 février 2016

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 105


105. IF [ROY HARPER]

   En musique comme en amour comme en tout, j'ai souvent été happé par la nostalgie avant même que les événements ne soient terminés. Ainsi, je ne peux plus compter les disques dont j'ai usé la première face avant d'oser les retourner. Avec Olympia, aussi, j'ai parfois essayé de repositionner mon sexe sur le bord du sillon, mais l'affaire est sensiblement plus compliqué !
   Quand Richard lança : « C'est déjà le moment de notre dernier titre, merci d'être venus aussi nombreux, et merci d'avoir été aussi réceptifs et enthousiastes », je me sentis complètement largué l'espèce d'une minute ou deux. (J'espère, malgré toutes les ridicules sornettes que peuvent tenter de nous faire croire les mathématiciens bornés, que vous êtes conscients que certaines minutes durent beaucoup plus que soixante malheureuses secondes, comme le fait qu'un kilo de jolies plumes ne pourra jamais équivaloir un kilo de méchant plomb !) Heureusement, que nous devions rejouer dès le lendemain, sinon j'aurais pu me laisser avaler par le souvenir lointain de nos premiers accords.

   Chris frappa le plancher magique à grands coups de talons avant de faire glisser son bottleneck sur le manche chauffé à vif.

   « Si... comme on le dit, on referait le monde avec des si... pourquoi s'en priver ? »

   Au refrain, j'abandonnai mon tambourin pour retourner un long bâton de pluie dont les larmes cristallines se démultiplièrent devant un micro chargé d'écho. Il faut consciencieusement inondé le cœur du public avant de le laisser regagner son lit. Il ne s'agirait pas de se faire oublier à la première chansonnette lâchée avec négligence par un accordéoniste du métro ou par un autoradio.
   A la reprise, nous avions déjà bien taquiné les cumulonimbus, il ne restait plus qu'à laisser éclater le dernier orage.

   « Eclairs et tonnerres – montez et roulez ; – Eaux et tristesses, montez et relevez les Déluges », hurla un fantôme au milieu du fracas des cymbales et des cordes à hautes tensions.

   Je garde encore, quelque part au fond de mon petit cœur fragile, le doux écho des ultimes applaudissements, et l'odeur tenace de cette nuit de déniaisement ne me quittera sans doute jamais. La sale existence et les traîtres de tout bord devront s'exalter encore davantage pour me faire regretter totalement cette aventure.

   Le D.J. lança One fine day des Chiffons et je ne saurais mieux dire.






jeudi 25 février 2016

NICK DRAKE ~ Pink Moon [D.R.] [1972]


Ces deux précédents albums étaient d'indispensables merveilles aux arrangements et aux orchestrations flamboyantes, mais Nick Drake, le génie timide, ne rêvait que d'épure. Il est vrai que lorsqu'on possède une telle voix, des mots de cette qualité et pareil jeu de guitare, le reste peut sembler un tantinet superflu. Ces vingt-huit minutes de mise à nue miraculeuse furent captées en deux nuits sans que le monde ne s'en émeuve. Le jeune introverti refusant concert et promotion, il s'en vendra encore moins que les premiers. Un des plus grands troubadours de tous les temps quittera bientôt la musique, puis la terre, dans une glaciale indifférence. Depuis, heureusement, les années lui ont rendues grâce. Quand tout semble perdu, on peut encore venir se réchauffer aux reflets rosés de cette lune immuable.
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)    


01 - Pink Moon
02 - Place To Be
03 - Road
04 - Which Will
05 - Horn
06 - Things Behind The Sun
07 - Know
08 - Parasite
09 - Free Ride
10 - Harvest Breed
11 - From The Morning
MP3 (320 kbps) + front cover


lundi 22 février 2016

VARIOUS ARTISTS ~ Le Rock D'Ailleurs Volume 7 : México (Los Desconocidos) [HMC. 2016] Par Zocalo


Deuxième volet, donc, de notre survol du rock mexicain. Le premier était consacré à des incontournables, des groupes plutôt connus, dont chacun d’entre nous pouvait plus ou moins avoir entendu parler au fil des recherches. Le deuxième chapitre est en principe consacré à des groupes moins connus. Mais ce n’est pas si simple. En effet, Control Machete, La Barranca ou Trolebús sont loins d’être méconnus au Mexique, bien au contraire. Mais, chez nous, il faudrait déjà avoir sérieusement étudié le sujet pour les avoir rencontrés. D’autres, en revanche, comme Cábula ou Telefunka, sont loin d’être sur le devant de l’affiche. Plus que le précédent, ce chapitre illustre l’influence des pays environnants, à commencer par le gigantesque voisin étatsunien : jazz avec Frankie y los Matadores, rap avec Control Machete, stoner avec Guillotina, hard avec Cohete, brésilien avec Abraham Calleros, progressif avec Nine Rain dans un morceau chanté en nauhuatl, une langue préhispanique etc. Et puis, une curiosité avec Sonido Gallo Negro : cela ressemble à du surf, mais c’est de la cumbia, un style originaire de Colombie. Le petit train Nescafé, c’est de la cumbia ! Il y aurait encore beaucoup à dire sur le rock mexicain, sur le ska, le metal, l’electro-rock, les protest songs volontairement oubliés ici, sur la renaissance des langues locales dans la musique, sujet à peine ébauché. Comme d’habitude, le premier et le dernier morceaux n’ont rien à voir avec la tortilla : il s’agit de tentatives de re-création de musiques préhispaniques à partir d'instruments retrouvés dans les fouilles archéologiques.
ZOCALO (Merci d'avance pour vos commentaires !) 


01 - Intro
02 - Frankie Y Los Matadores - Se Lo Prohibió El Doctor
03 - La Barranca - Denzura
04 - Trolebús - Negra Información
05 - El Mariachi Extraviado - Por Mujeres Como Tú
06 - Víctimas Del Dr. Cerebro - Brujerías
07 - Sistema - No Dejaste Nada
08 - La Orquesta De Pablo Beltrán Ruiz - Mexican Rock And Roll
09 - Sonido Gallo Negro - Leticia
10 - Telefunka - Astro Saloki
11 - La Dosis - Alta Tension
12 - La Lupita - Antena
13 - Cabezas De Cera - Mano A Mano
14 - San Pascualito Rey - Lejos
15 - Cohete - No Te Necesito
16 - Guillotina - No Se Puede Ceder
17 - Control Machete - Así Son Mis Días
18 - Ritmo Peligroso - La Peligrosa
19 - Nine Rain - Mr. Mekatl
20 - Cábula - La Última Escena
21 - Hemisferios - Caminas Lento
22 - Abraham Calleros - Navegante
23 - Outro
MP3 (320 kbps) + front cover
Le rock d'ailleurs avec BM226



vendredi 19 février 2016

ANIMAL COLLECTIVE ~ Painting With [2016]


Ils sont bien gentils tous ces jeunots qui s'adonnent aux psychédélices en essayant de jouer à la manière de, mais comme ils ne parviennent que fort rarement à la cheville des glorieux anciens, nous retournons vers les originaux et, une fois de plus, nous nous retrouvons à écouter des vieilleries. Avec les frappadingues de Animal Collective, c'est une tout autre tisane. Ce collectif nous expédie dans le cosmos sans utiliser des sons que nous avons déjà entendu un milliard de fois. Pour ce nouvel opus, s'il vous faut absolument des références, disons qu'on dirait un Brian Wilson totalement défoncé au gaz hilarant et venu foutre un joyeux boxon chez le trop sage Kraftwerk. Voilà un groupe qui manie les machines avec autant de grâce folle que s'il jouait de la guitare. Voilà un groupe qui manie les machines pour faire autre chose que du disco mou. Voilà un groupe qui manie les machines mais possède un vrai chanteur. Voilà un groupe qui nous donne à écouter quelque chose qui ne fait pas sans cesse référence au passé. Voilà un groupe aussi délirant qu'attachant et que je vous conseille de chérir comme il le mérite. Décollage immédiat.             
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)



01 - FloriDada
02 - Hocus Pocus
03 - Vertical
04 - Lying In The Grass
05 - The Burglars
06 - Natural Selection
07 - Bagels In Kiev
08 - On Delay
09 - Spilling Guts
10 - Summing The Wretch
11 - Golden Gal
12 - Recycling
MP3 (320 kbps) + front cover
Welcome to the cosmos with BM225


jeudi 18 février 2016

KRISTIN HERSH ~ Hips And Makers [1994]


Je ne ferais pas de long discours pour évoquer cette damoiselle. On dit qu'elle est prolifique (ce n'est pas vraiment faux), perturbée mentalement, éparpillée dans une œuvre en désordre… En fait, pourquoi ne dirait-on pas simplement qu'elle est une belle Artiste ? Auteure-compositrice-chanteuse, cette quinquagénaire américaine s'accompagne depuis le début des années 80 d'une bande de complices bien inspirés, et s'enflamme à chaque nouveau projet pour nous offrir le meilleur de sa créativité, que ce soit avec les Throwing Muses, qu'elle forme avec sa demie sœur Tanya Donelly (Breeders) ou plus récemment avec 50 Foot Wave, ou en (presque) solo, on ne peut qu'être touché par cette voix, unique, qui transpire de sensibilité et de sincérité. Son premier album en solitaire, Hips and makers, est un petit bijou acoustique où ses chansons ressemblent à des petites confessions intimes. Une guitare, un peu de piano, le violoncelle de Jane Scarpantini, l'apparition vocale de Michael Stipe, de la douceur, une pincée de colère quand même : tous les ingrédients sont là pour nous donner du plaisir, simple et réconfortant. De la poésie à l'état brut. « Rocking on the ocean, Sucking up the sea, Every bird flies over me, We have hips and makers, We have a good time, I married a boxer to keep me from fighting, I married a brewer to keep me from drinking, We have a good time, They keep me dancing, Finally it's alright, It's alright. » 
NESTOR. B (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : en bonus, une jolie reprise de qui vous savez.


01 - Your Ghost
02 - Beestung
03 - Teeth
04 - Sundrops
05 - Sparky
06 - Houdini Blues
07 - A Loon
08 - Velvet Days
09 - Close Your Eyes
10 - Me And My Charms
11 - Tuesday Night
12 - The Letter
13 - Lurch
14 - The Cuckoo
15 - Hips And Makers
16 - When The Levee Breaks [Bonus Track]
MP3 (320 kbps) + front cover


mardi 16 février 2016

THE BROTHERS AND SISTERS ~ Dylan's Gospel [1969]


Les très grandes chansons ne craignent rien. A condition de ne pas les confier à des gougnafiers, on peut les jazzifier, les reggaetiser ou les gospeliser sans qu'elles en souffrent. Deux tambourins et un clavier discrets servent, ici, d'accompagnement; pour le reste, les chœurs peuvent s'en donner à cœur joie. Les fans des Stones et de ses trop rares albums seront heureux de retrouver Merry Clayton au milieu d'un aréopage de gosiers en or et d'âmes totalement habitées. J'en connais quelques-uns qui n'échangeraient pas cette splendeur contre toute la période dite "catho" du Zim. 
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !) 


01 - The Times They Are A-Changing
02 - I Shall Be Released
03 - Lay Lady Lay
04 - Mr. Tambourine Man
05 - All Along The Watchtower
06 - The Mighty Quinn
07 - Chimes Of Freedom
08 - I'll Be Your Baby Tonight
09 - My Back Pages
10 - Just Like A Woman
MP3 (320 kbps) + artwork



dimanche 14 février 2016

DAMIEN JURADO ~ Visions Of Us On The Land [2016]


Il faut que je vous raconte... Flashback : il y a une semaine : message matinal de Jimmy : "t’as vu ?" Flashback : la veille au soir : je rentre tard du boulot grognon comme jamais, pas envie de dormir. Le MBA sous le museau me fous quand même au pieu, je fais le tour des popotes, R.A.S. Quelques vidéos, surf, zique, je ne me calme pas. Une heure du mat, je refais le tour des popotes, je tombe en arrêt… Pas longtemps, je charge, c’est long. 2h30, j’ai maintenant écouté le truc trois fois, pas envie de dormir. Flash forward : le lendemain (jour du premier flashback, vous suivez ?) : "ouais, Jimmy, j’ai vu, j’ai écouté, je ne m’en remets pas" en substance… Flash forward : Marius qui nous poste un truc, j’écoute distraitement. Merde, cette voix foutraque… Flashback : y a quelques semaines/mois, une photo sur Instagram, comment suis-je arrivé sur Instagram je ne sais pas, en tout cas Juliana et moi avons un point commun, on est fans de Paulo, je ne vois pas d’autre explication. Flash forward : j’aurais dû m’en douter, il y a une autre explication; au lieu de ça, j’ai oublié Instagram et failli passer à côté ! Quoi qu’il en soit, toutes les cinq écoutes du dernier Damien Jurado, je me glisse le disque de The I Don’t Cares. Pas le temps de faire autre chose, je vois bien Hugo qui me tente avec ses séries détraquées mais pas tout de suite, j’ai un Jurado à écouter et figure-toi qu’en plus Paulo et Juliana… Flash forward : aujourd'hui : Hugo me fait l’apologie du Jurado, je lui avais forcé la main, j’aurais pris cher si ça n’avait pas collé. Au lieu de ça… Hey, et Westerberg, tu le tentes ? Je devrais peut-être pas exagérer, on a le droit de détester les Replacements ça fait partie de leur charme. Jimmy, Marius, ce Jurado, je sais que vous l’avez écouté, alors ? Parce que moi, j’ai pas de mots… La production musicale 2016 s’arrêterait aujourd’hui, j’en aurais rien à carrer. "Hé, t’es con, me dis-je, Kevin Morby a prévu de sortir un truc début avril." "Début avril ? me réponds-je (je m’amuse bien avec moi-même), ça va, ça me laisse un peu de temps pour écouter le dernier Jurado. Et le dernier Westerberg, celui avec Juliana m’apostrophé-je. Ah oui? c’est vrai, j’ai encore failli l’oublier celui-ci." Je vous laisse, j’y retourne. Je me demande tout de même, si je n’ai pas rêvé, le prochain Damien Jurado ne sort que le 18 mars. En attendant je vous mets la pochette, elle est magnifique…
Everett W. GILLES (Merci d'avance pour vos commentaires !)


vendredi 12 février 2016

THE MICKEY FINN ~ Garden Of My Mind - The Complete Recordings 1964-1967 [C. 2015]


Parfois, il faut se montrer un tout petit peu patient. Bon, dans le cas qui nous occupe, j'ai tout de même attendu quelque chose comme trente-cinq ans !... La jeune génération nous demande souvent comment nous faisions avant Internet. Nous lisions plein de magasines, tentions de déchiffrer les bouquins en anglais, discutions avec nos potes et harcelions les vendeurs de disques (lesquels, à l'époque, n'étaient pas de simples refourgueurs de boîtiers en plastoc, mais de véritables passionnés). A l'âge tendre, j'étais fan de Jacques Higelin, et je me demandais d'où sortait le grand escogriffe qui l'accompagnait désormais à la guitare. Son nom fut facilement découvert à l'intérieur d'une pochette mais, toujours poussé par ma manie consistant à savoir ce qu'il y avait avant, je menai l'enquête. Mickey Finn (à ne pas confondre avec le percussionniste de T. Rex) avait été le guitariste de Nino Ferrer, la fine épée de Heavy Metal Kids (rien à voir avec Metallica !) mais, peut-être plus intéressant encore, il jouait dans un groupe portant son nom au milieu des flamboyantes sixties. J'arpentai chaque rue de la capitale, fouillai chez tous les disquaires sans jamais trouvé l'ombre d'un seul single. Bien des années plus tard, je dénichai enfin quelques titres sur des compilations dédiées aux obscurités. Aujourd'hui, enfin, on nous offre l'intégrale de ses petits trésors, et c'est encore mieux que je n'avais osé l'espérer : du véritable rhythm'n'blues à l'anglaise, aussi nerveux qu'élégant (reprises chics et compos chocs), idéal pour séduire les jeunes mods qui acceptaient de s'éloigner du chemin tracé par les puristes. Mickey assure méchamment, Alan Mark (chant) est excellent, Jimmy Page est présent sur quelques merveilles, et l'ensemble est produit de main de maître (évidemment) par Shel Talmy (Who, Kinks, Easybeats, Creation (cela dit pour les moins de douze ans !)). En bref, vous pourrez le jouer après un early Who ou un Small Faces millésimé sans que vos enceintes se mettent à chouiner !     

Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !)


            
01 - Pills
02 - I Still Want You
03 - Garden Of My Mind
04 - Night  Comes Down
05 - Hush Your Mouth
06 - Time To Start Loving You
07 - Ain't Necessarily So
08 - If I Had You Baby
09 - The Sporting Life
10 - Because I Love You
11 - Reelin' And A'Rockin'
12 - Stagger Lee
13 - Poverty
14 - Miss Jane
15 - God Bless The Child
16 - Tom Hark
17 - Please Love Me
MP3 (320 kbps) + artwork
Freakbeat with BM221


mercredi 10 février 2016

LEA DELARIA ~ House Of David [2015]


Un hommage à Bowie tombant en une bien triste période et cette pochette un tantinet flippante (ne dirait-on pas la tante de Gavin Friday ?!), voilà qui semblait louche. Pour autant, je me devais d'y risquer mes oreilles. Le doute fut rapidement chassé. L'album offre à écouter un orchestre de jazz swinguant avec élégance et une chanteuse avec un gros caractère, une voix ronde et profonde. Tout ce joli petit monde s'accapare le formidable répertoire avec beaucoup de grâce, de fantaisie et de talent. Je vous le recommande chaudement. 
Jimmy JIMI (Merci d'avance pour vos commentaires !) 


01 - Fame
02 - Space Oddity
03 - Golden Years
04 - Suffragette City
05 - Starman
06 - Boys Keep Swinging
07 - Rebel, Rebel
08 - Let's Dance
09 - Life On Mars
10 - The Jean Genie
11 - Modern Love
12 - Young Americans
MP3 (320 kbps) + artwork

lundi 8 février 2016

VARIOUS ARTISTS ~ Le Rock D'Ailleurs Volume 6 : México (Los Famosos) [HMC. 2016] Par Zocalo


Deuxième pays d'Amérique latine hispanophone après l'Argentine par sa superficie, premier par sa population, le Mexique possède de nombreuses similarités avec le pays de Messi (ou de Carlos Gardel, c'est comme vous préférez). On pourrait croire qu'il en est de même pour le rock, à savoir : pas de grandes vedettes mondialement connues et absence quasi-totale de présence féminine. Eh bien, pas du tout. C'est même tout le contraire. Le Mexique possède en effet une star de dimension mondiale en la personne de Carlos Santana. Plus récemment, Rodrigo y Gabriela souleva également les foules dans le monde entier. Pour autant, l'influence de Santana dans le rock mexicain est insignifiante, pour ne pas dire inexistante. Les musiciens mexicains ne se reconnaissent pas dans la musique de Santana, identifié comme un groupe 100% "gringo", c'est-à-dire américain des USA. La source d'inspiration des rockers mexicains vient donc plutôt des locomotives historiques américaines et britanniques. D'autre part, une caractéristique réconfortante du rock mexicain est la place de choix faite aux femmes. Ely Guerra, Natalia Lafourcade, Rita Guerrero, Betsy Pecanins, Carmen Leñero, Julieta Venegas qu'on connaît en France pour son duo avec Olivia Ruiz, et surtout l'immense Cecilia Toussaint (c’est elle sur la photo) sont de véritables vedettes, dont l'audience va bien au-delà du seul public rock. Cette particularité sans équivalent en Amérique latine me permet de vous offrir une compile parfaitement paritaire, une rareté dans la série du Rock d’ailleursVéritable mosaïque de 32 états possédant tous une très forte identité culturelle, le Mexique méritait bien deux chapitres. Dans ce premier volet, vous trouverez les groupes les plus connus, ceux dont on voit les affiches de concert dans les villes ou qui sont connus en dehors des frontières du Mexique.
ZOCALO (Merci d'avance pour vos commentaires !)


01 - Intro
02 - Julieta Venegas - Sabiéndose De Los Descalzos
03 - Jaguares - A Través De La Pared
04 - Maru Enríquez - Se Necesita Luz
05 - Caifanes - Nos Vamos Juntos
06 - Cecilia Toussaint - Ezquizofrenia
07 - Café Tacvba - Déjate Caer
08 - Lila Downs - Dignificada
09 - KGB - Chasco
10 - Jessy Bulbo - Jaslo Casvie 2
11 - Molotov - Chinga Tu Madre
12 - Carla Morrison - Pan Dulce [Radio Edit]
13 - Botellita De Jerez - Todos Tienen Tortita Menos Yo
14 - Aurora Y La Academia - Horas
15 - Tijuana No! - Patetico Cuadro
16 - Natalia LaFourcade - Hasta la Raiz
17 - Los De Abajo - Resistencia
18 - Laura Vázquez - En Otra Parte
19 - Real De Catorce - Al Poeta
20 - Ely Guerra - Ángel De Fuego (Acústico)
21 - Santana Brothers - Blues Latino
22 - Rodrigo Y Gabriela - 11-11
23 - Outro
MP3 (320 kbps) + artwork


vendredi 5 février 2016

WIRE ~ 1985-1990 : The A List [C. 1993] & On Returning (1977-1979) [C. 1989]


Vers la fin des 80’s, je me rappellerai toujours ce journaliste qui, lors d’une réédition vinyle, avouait qu’il jetterait volontiers les trois quarts de ses disques pour ne garder que les trois premiers Wire. Tiendrai-je moi aussi aujourd’hui ces mêmes propos ? Sans doute pas, parce que je suis très attachée aux disques que je possède physiquement, mais sans problème avec ceux figurant sur mon disque dur. Wire, c’est l’arrogance d’un groupe qui a joué dans le noir dos au public. C’est toute la classe d’un groupe qui, entre ses morceaux, lance non pas : "one, two, three, four !" mais ce beaucoup plus classe : "un, deux, trois quatre !". C’est également une véritable galaxie où disques solo, projets collaboratifs et participations diverses et variées cohabitent avec la même ferveur comme ce devrait de le vivre tout véritable artiste qui n’aime pas se cantonner dans un petit pré carré. Aussi, je ne vais pas tenter de vous prouver la grandeur de ce groupe avec lesdits trois premiers albums, mais plutôt comment le dilemme "d’être ou avoir été" ne se pose pas chez Wire. Pour preuve, en se reformant une première fois en 1987 après quelques projets solos, le groupe avait déjà profondément changé sa musique. Pour beaucoup, elle aura perdu de son tranchant et de sa force. Sans pour autant nier ce point, je vous invite à découvrir derrière des sonorités assez datée milieu des années quatre-vingt, mais étrangement décalées quelques autres grandes chansons qu’il a continué d’écrire en explorant une voie plus électronique. Alors, je vous propose de bousculer un peu vos oreilles pour plonger dans ce son, sans doute indigne de leur contenu, avec une première compilation de morceaux concoctée à partir des votes de leurs fans et qui couvre la seconde période du groupe. Et pour les malheureux qui ne connaîtraient pas encore leurs débuts, je vous propose également une autre compilation qui couvre cette première période de 1977 à 79. En espérant qu’à votre tour, vous ayez envie de faire de la place sur votre disque dur pour accueillir cette œuvre qui continue encore aujourd’hui de grandir.
Audrey SONGEVAL (Merci d'avance pour vos commentaires !)
P.S. : vu la capacité et les prix forts modiques des disques durs, je vous conseille, plutôt, de tout garder !
Jimmy 


1985-1990 : The A List
01 - Ahead 
02 - Kidney Bingos 
03 - A Serious Of Snakes 
04 - Eardrum Buzz 
05 - Drill 
06 - Ambitious 
07 - In Vivo 
08 - The Finest Drops 
09 - Madman's Honey 
10 - Over Theirs 
11 - Silk Skin Paws 
12 - The Queen Of Ur And The King Of Um 
13 - Torch It! 
14 - Advantage In Height 
15 - Point Of Collapse 
16 - Feed Me 
On Returning (1977-1979)
01 - 1.2.X.U. 
02 - It's So Obvious 
03 - Mr. Suit 
04 - Three Girl Rhumba 
05 - Ex Lion Tamer 
06 - Lowdown 
07 - Straight Line 
08 - 106 Beats That 
09 - Strange 
10 - Reuters 
11 - Field Day For The Sundays 
12 - Champs 
13 - Feeling Called Love 
14 - I Am The Fly 
15 - Dot Dash 
16 - Practice Makes Perfect 
17 - French Film Blurred 
18 - Another The Letter 
19 - I Feel Mysterious Today 
20 - Men 2nd  
21 - Marooned
22 - Sand in my joints
23 - Outdoor miner
24 - A question of degree
25 - I should have known better
26 - Two people in a romm
27 - Blessed state
28 - The other window
29 - 40 versions
30 - A touching display
31 - On returning

jeudi 4 février 2016

Pour la beauté du geste (feuilleton électrique) par Jimmy Jimi # 104


104. LET IT BLEED [THE ROLLING STONES]

   Ce n'était guère l'heure de s'exercer à la voyance, comme ce n'est pas celle de vous plonger trop tôt la tête dans la bassine pleine de drames...

   Je m'approchai du bord de la scène afin de donner suite à mon aventure face au micro.
   Si vous vous souvenez des précédents chapitres, sur ce Boulevard des bouleversements, Chris et Cyril lâchaient leur position pour m'emprunter mes fragiles instruments et laisser le devant de la scène à Polina et Alphonse. Poussés par une armada de percussionnistes en folie, ces derniers étaient sensés alterner les mélodies chatoyantes avec quelques embardés raffinées !

   « Je cherche des bouleversements au milieu des tangos absurdes », offris-je en guise d'introduction. A ces mots, je vis mon Olympia (c'était la première fois que je l'apercevais depuis le début du concert) traverser la foule comme on fend les eaux. Elle se plaça juste devant moi, autant en muse qu'en fan.
   « Il faut se mettre en état de poéter plus haut que ses fesses ! » Les parfums de ma belle me mangeaient toute la cervelle. Je poussai un cri d'Apache traîtreusement abattu dans le dos et poursuivis : « La lune fait son possible pour ressembler à ton cul fort spirituel ! » (Dans la salle, d'autres Indiens répondirent en hurlant et la trompette monta de deux tons.)
   « J'ai marché si longtemps et me suis perdu tant de fois que j'en ai oublié ton nom et la couleur de tes yeux. » Grisée par l’événement, Polina risquait des dissonances plus effrontées qu'à l'habitude. Une partie du public tenta de trouver refuge vers le bar, mais la grande majorité frissonna jusqu'à nous renvoyer notre propre fièvre. C'est pour ça que je n'ai jamais vraiment goûté les albums de concerts, ils ne sont que des photographies sur papier glacé comparées à l'expérience humaine. Un micro ne sait capturer ni les gouttes d'émotion ni les relents de lingerie !

   « Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens », chantait l'enfant aux semelles de vent. Au milieu du morceau, les tintinnabulements, les griffures de cordes et les mugissements de cuivre m'avaient déjà bien déréglé ! J'ajoutai de longs passages improvisés sur mon texte pourtant déjà passablement encombré d'images joyeusement confuses.
   « Je cherche des bouleversements, une sortie d'au secours, la porte d'excès. » Ne pouvant plus rester inactif, Richard surgit de derrière la scène, empoigna le micro d'Alphonse en répétant : « bouleversements, secours, excès ». Nous finîmes tous les deux, hurlant tout ce qui nous passait par le cœur, surfant sur la lame de fond comme des gamins ivres !

   « Je longe le boulevard des bouleversements en tenant ta main magnifique et ensanglantée. »